En ce début d'année, et comme à tous ceux qu'elle aime bien Fabienne a présenté ses meilleurs voeux et souhaits, à son amie Martine pour l'année 1982.
Et c'est folle de joie, qu'ellea reçu la réponse de sa grande amie et je puis vous assurer et sans crainte de me faire contredire, que tout son entourage et même bien au delà a pû admirer ce beau dessin représentant trois têtes de chevaux sous la signature de Martine Huybrechts, que je vous présente ci-contre, et vous comprendrez mieux la joie et la fierté de la gamine.
A cet âge on est plutôt heureux de montrer aux autres que l'on a des "relations", même si celà suscite des réactions qui vont de l'étonnement à l'envie et peut être bien à la jalousie, et voyez la gentillesse du texte dans sa simplicité, et celà aussi, c'est bien Martine, telle que je la connais, et merci à elle de sa sympathie envers ce gosse, qui ne l'oubliera certes pas !!
1982 Martine Desmet - Profession Jockey
Philippe Roynet, journaliste à Turf Magazine dans le n° 90 du journal du 7/5/82, nous fait encore mieux connaître Martine dans un reportage qu'il a effectué sur elle.
P.R. : Maintenant bien connue des Turfistes, ne réussit pas un début de saison des plus encourageants.
Pourtant ses qualités de jockey ne sont pas à mettre en doute, nombreux sont en effet les propriétaires qui lui font confiance en chevaux.
Martine: Pour gagner, il faut du bon matériel et en ce début d'année, beaucoup de chevaux que je n'ai pû monter, n'étaient pas encore prêts, mais la forme vient progressivement, et à ce jour, je compte sept victoires et je ne me sens pas trop mécontente.
P.R. : Depuis ces débuts professionnels qui ne furent pas facile, Martine Desmet a collectionné les victoires (33 en 80 et 45 en 81) et de belles réussites. Son petit poids, sa volonté et son expérience l'ont beaucoup servi et elle fait surtout une grosse différence avec des apprentis d'un poids similaire.
Martine: Pour moi, je crois que ce poids est trop vite pris en considération par les gens et il y en a peu qui me font confiance lorsque j'ai la chance de monter un cheval du haut du tableau.
P.R. : Pourtant si je prends un exemple, vous avez été deuxième du Tiercé des Flandriensavec Catapult le n° 1 et 74 Kg, alors que vous n'en pesez que 42 à peine.
Martine: Je pense que la valeur intrinsèque du cheval a beaucoup plus d'importance surtout que son aptitude à porter le poids ( Elle vient encore d'en faire la preuve avec Crimson Girl, 3ème du tiercé à Boitsfort, le 5 mai 82. Il portait le n° 3 et 62 Kg !).
En plein sprint et c'est l'indécision la plus complète, celà va bien se décider.
P.R. : Martine Desmet n'a d'attache avec aucune écurie en particulier; elle monte pour ceux qui proposent et elle s'occupe de trois jeunes chevaux.
Martine: Des amis venus, également par hasard aux courses, m'ont demandé de sortir leurs chevaux, mais n'allez surtout pas croire que c'est pour celà que je voudrais devenir entraîneur.
Les entraîneurs ont vraiment trop de problèmes, parfois même insolubles.
L'avénement des courses, grâce aux tiercés, aurait dû leur profiter en prime, et ce sont eux au fond qui sont les plus mal lottis. Les pensions sont chères, et la location des boxes, la nourriture et le personnel sont hors de prix et surtout pour un débutant.
Pourqu'un entraîneur arrive à gagner un peu d'argent, il faut que ses pensionnaires gagnent des courses et tout celà dépend de la qualité de son entourage et de son écurie.
P.R. : Je suppose, qu'en outre, les entraîneurs rencontrent des difficultés avec certains propriétaires qui veulent décider du sort de leurs chevaux et sans parler en plus des mauvais payeurs qui ne manquent pas.
Martine: Ils espèrent en effet, les entraîneurs, de remplir correctement leur mission. Ce n'est pas donné à tout le monde de connaître et de savoir engager correctement.
Le noeud de la guerre est en fait d'amener un cheval en condition et de lui trouver une course à sa portée.
Il ne suffit pas d'acheter un cheval... un cheval de valeur, les propriétaires veulent le faire courir le plus tôt possible pour le rentabiliser. Il faut pourtant beaucoup de patience avec les pur-sangs. Un cheval peut-être faible à deux ans et ne pas faire de résultats pour être bien meilleur à trois ans, le contraire étant aussi vrai naturellement. De plus, un pur-sang ne peut tenir la grande forme toute l'année.
Certains propriétaires non pas la patience d'attendre, et comme au football on change d'entraîneur, en oubliant bien sur, tout ce qu'a pu réaliser le partant et l'on tente de bénéficier de ce fameux choc psychologique, le second bénéficiant en plus du travail du premier. Une belle école d'ingratitude s'il en fût.
Tous ces travers représentent en gros, tous les problèmes que peuvent connaître tous les jeunes entraîneurs qui sont tenus de se plier aux exigences et aux fantaisies de leurs clients. Et s'ils réagissent dans le sens contraire, plus de chevaux, en principe plus de travail et, ce n'est pas bien facile de récupérer une réputation perdue !
P.R. : En fait, ce sont pourtant les jockeys qui ont profité le plus de l'évolution des courses en Belgique et au fond, ils ne donnent que leur travail, leur talent ou leur courage, et c'est quand même beaucoup moins contraignant que lorsqu'on doit y aller de son portefeuille.
Martine: Oui, mais, je suppose que vous savez qu'il s'agit d'une profession excessivement dure, où l'on travaille sept jours sur sept et je vous assure que parmi tous les jockeys, il s'en trouve qui on bien du mérite. Se lever très tôt ! Se plier à toutes sortes de contraintes les plus astreignantes les unes que les autres. Travailler très dur et tout cela parfois pour des rapports insignifiants ou presque.
Il faut aussi penser que chaque médaille possède aussi son revers et qu'il est ici et le plus souvent peu brillant.
Chez les entraîneurs, on compte très peu de jeunes dans la profession, rien que par le fait qu'il est très malaisé de se procurer du personnel compétent. C'est un métier très rigoureux qu'il faut vraiment adorer pour résister au découragement qui accompagne généralement les premiers échecs. Mais pour celui qui est un passionné du cheval, il y a tout naturellement des compensations et on est parfois bien remercié.
On ressent tellement de choses lorsqu'on remporte une course et même les plus anciens parmi la profession, tout comme chez les jockeys, y sont encore sensibles comme au premier jour.
A la fin de cet entretien avec ce bon journaliste, je me suis permis une réflexion toute personnelle: si Martine avait mieux aimé les études, c'est un bon avocat qu'elle serait peut-être devenue. Ceci bien sûr est la loi des contingences et il est souvent superflu de regretter, celà ne sert le plus souvent à rien.
Et pour corser un peu le tout, et bien que les chiffres, même s'ils parlent d'eux-mêmes, rendent le plus souvent les récits les plus ardus.
Je vous donne quelques résultats marquants de ce début de saison.
Ce ne sont pas toujours les victoires qui sont le seul reflet de la valeur de quelqu'un.
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Euripide | 62.5 | S. Kessas | A. Meynaert |
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14
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Chesterking | 45 | M. Desmet | F. Sombryn |
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1
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Dyle Spurter | 63 | Muyldermans | B. Waterloos |
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12
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Happy Hollow | 46 | E. Schepens | Akkermans |
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Si vous observez bien la cote de départ, je ne dois pas vous faire un dessin pour prouver que ce brave Chesterking n'avait pas les faveurs des parieurs.
Mais avec Martine celà a nivelé les chances et c'est tant mieux pour ceux qui y croient.
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12
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Life Story | 59.5 | F. Barrix | J. Martens |
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Ruborosa | 58 | Tom Young | Mse de Murga |
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3
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Crimson Girl | 62 | M. Desmet | F. Engels |
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Comme vous le constatez, quel que soit le poids ou la valeur présumée du candidat, notre amie Martine est toujours là et croyez le bien personne ne lui mâche la besogne, ni surtout ne lui fait de cadeau.
Et précisément ce jour là à Boitsfort, on a pu voir Martine en grande conversation avec ce bon vieux professionnel de Marcel Wollanders une passion toujours intacte après 51 ans de métier dans les courses. Chapeau !
Mais de quoi pouvaient bien s'entretenir ces deux passionnés du cheval. Mais tout simplement de Wigwam que Martine allait mener à la victoire quelques minutes plus tard. Bravo.
Et ci je vous ai cité ce cas en particulier, c'est d'abord pour ce bon "Vieux Marcel" que j'ai toujours connu et surtout pour une promesse que je fis à son fils que je rencontre à Ostende dans un établissement de la Galerie Ensor, la Taverne James, où il est garçon, et comme client de plus de quarante ans, et toujours bien servi par lui en plus des souvenirs hippiques que nous faisons revivre, il méritait bien cette parenthèse. Salut Ronny, ex-jockey !